Ce que nous avons appris au sujet de l’IITA lors de la Conférence de l’Afrique sur les données ouvertes

  • 7 août 2017

Article de  James Coe (Publish What You Fund), Annelise Parr (Secrétariat de l’IITA et PNUD) et Reid Porter (InterAction).

Le mois dernier, le Ghana a accueilli la deuxième Conférence de l’Afrique sur les données ouvertes. Cet événement visait à mettre en avant la communauté florissante des données ouvertes sur le continent ; il rassemblait des militants des données ouvertes, des journalistes, des spécialistes du secteur et des développeurs de logiciels venus de toute l’Afrique et du monde entier.

Des représentants de l’Initiative sur le financement transparent de l’agriculture et du Secrétariat de l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide (IITA) étaient également présents. Bien que nous participions à cette conférence pour des raisons différentes, nous avons uni nos efforts –afin de présenter les données de l’IITA, d’encourager leur utilisation et d’écouter les suggestions visant à les rendre plus utiles. Voici les cinq grands points à retenir :

1. En matière de données, ce ne sont pas les demandes enthousiastes qui manquent

Si la communauté de l’IITA déplore souvent que les utilisateurs de données soient si peu nombreux, nous avons observé un phénomène diamétralement opposé lors la conférence. Les demandes enthousiastes d’informations relatives aux dépenses de développement n’ont pas manqué, et une fois les participants informés de l’existence de l’IITA, ils en voulaient encore plus.

La plupart du temps, nos interlocuteurs avaient besoin d’informations très spécifiques et souhaitaient examiner en détail un ou deux donateurs ou projets bien précis afin de comprendre leurs objectifs, leurs engagements, leurs versements et leur impact. Ils souhaitaient également connaître le processus de validation afin de déterminer le degré de fiabilité des données. Les participants ont toutefois reconnu que la mise en place de niveaux de validation supplémentaires retarderait l’accès à des informations essentielles qui leur permettraient de demander des comptes aux responsables. En tout cas, les utilisateurs existent, et ils veulent davantage de données.

2. Nous devons recentrer nos efforts sur les utilisateurs des pays

Il convient d’accorder une plus grande attention à la mobilisation des utilisateurs de la société civile des pays bénéficiaires et de leurs gouvernements. Nos démonstrations de l’outil de recherche de l’IITA, d-portal, ont suscité beaucoup d’enthousiasme et d’intérêt. Nous nous sommes toutefois rendu compte que les demandes de soutien allaient rapidement dépasser nos capacités en matière d’assistance. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’ il est impératif de recentrer nos efforts dans les pays afin d’encourager l’utilisation et la diffusion des données de l’IITA.

Par ailleurs, nous devons déterminer précisément les utilisateurs cibles des données de l’IITA. Certaines des personnes que nous avons rencontrées, notamment des journalistes et des militants de la transparence gouvernementale, souhaitaient manifestement devenir des consommateurs directs de ces données, mais de nombreux utilisateurs finaux ne bénéficieront qu’indirectement de l’Initiative. Autrement dit, les intermédiaires de l’IITA – développeurs, militants de la qualité des données ou fanas de la transparence – doivent s’assurer que nous fournissions des données utiles aux gouvernements nationaux et aux autorités locales, aux OSC locales et au grand public, par le biais de formats et d’outils faciles à utiliser et à consulter.

3. Publier des données détaillées et de qualité ne suffit pas

Nous avons besoin d’outils qui nous permettent de consulter et d’interroger plus facilement les données. La difficulté à utiliser les données représente un défi important pour l’IITA. Nous avons constaté qu’il ne suffisait pas de diffuser des liens vers les outils disponibles, car les utilisateurs n’étaient pas en mesure de comprendre les données qu’ils avaient sous les yeux, leur contexte ou la manière de les utiliser.

Il est essentiel d’investir davantage dans des outils simples d’interrogation et de visualisation des données si l’on souhaite que les citoyens se mettent à utiliser ces informations. Sinon, les progrès ne pourront se faire que moyennant des formations individuelles, et malgré leur importance, ces formations ne constituent pas un moyen durable de promouvoir l’utilisation des données à des fins d’amélioration de l’efficacité du développement. La communauté de l’IITA étant particulièrement impliquée et déjà familiarisée avec les données, la création de ce type d’outils est faisable et présenterait des avantages non négligeables pour les différents groupes d’utilisateurs.

4. Nous devons prendre conscience que l’IITA ne constitue qu’une pièce du puzzle

Les données relatives au développement ne sont qu’un élément d’un « écosystème de données » plus large, et il est souvent nécessaire de disposer également d’autres données pour pouvoir les analyser correctement. Les intermédiaires et les producteurs de ces données peuvent s’efforcer de garantir leur adéquation à l’usage prévu et leur accessibilité par les utilisateurs auxquels elles sont destinées, mais il ne faut pas oublier qu’à l’échelle locale, les courtiers de données – pôles d’innovation; entreprises technologiques, spécialistes des données ou encore incubateurs – peuvent contribuer à contextualiser les flux de données de l’IITA, à leur apporter de la valeur ajoutée et à les adapter à une utilisation et à une consommation locales. L’Initiative sur le financement transparent de l’agriculture a par exemple indiqué qu’associer les flux d’investissements alloués à l’aide par type de culture au rendement de ces différentes cultures par zone géographique permettrait de réaliser des analyses beaucoup plus approfondies.

5. L’IITA, ce n’est pas seulement une base de données, c’est également une bibliothèque

L’un des aspects les plus intéressants de la norme de l’IITA est la possibilité, pour les signataires, d’établir des liens entre différents documents de projet. La liste des documents disponibles comprend souvent des stratégies nationales, des budgets, des  évaluations de projets et même des documents commerciaux et relatifs aux marchés publics. Nous avons constaté que les utilisateurs souhaitaient pouvoir consulter les documents relatifs à un projet dans le cadre de leurs recherches ; il ne faut donc pas se focaliser uniquement sur les données. Il convient au contraire de continuer à inciter les signataires à publier non seulement des données, mais également tous les documents annexes, de façon à ce que l’IITA puisse jouer un double rôle de base de données et de bibliothèque.